Christian Bauer est scientifique au Laboratoire d’analyse des systèmes énergétiques du PSI et spécialiste des analyses de durabilité et du cycle de vie.
Christian Bauer, si vous deviez acheter aujourd’hui une voiture, quel type de propulsion choisiriez-vous?
Bauer: J’espère que la voiture diesel que je conduis actuellement tiendra encore trois à cinq ans. Puis trouver un modèle électrique qui me convienne. Notre étude montre clairement qu’à long terme les voitures électriques représentent l’option la plus durable, notamment si elles roulent au courant écologique. Beaucoup de personnes hésitent encore. Elles craignent que l’autonomie et l’infrastructure de recharge ne s’avèrent insuffisantes au quotidien ou que le prix de ces véhicules ne soit trop élevé. Mais, dès aujourd’hui, la voiture électrique serait finalement le bon choix. Celles et ceux qui effectuent des trajets courts entre deux lieux où les possibilités de recharge sont fiables devraient vraiment faire le calcul. Si l’on part du principe que la technologie des batteries et la durée de charge vont continuer à s’améliorer, on s’aperçoit que seulement 2 à 5% des automobilistes estiment l’autonomie de ces véhicules insuffisante. Et, dans un avenir proche, il devrait y avoir suffisamment de stations de recharge rapide pour effectuer de longs trajets.
Mais les voitures électriques restent chères.
Oui. Aujourd’hui, à l’achat, il faut dépenser davantage. Néanmoins, on économise de manière continue en coûts de carburant. Dans le cas des taxis, l’achat d’un véhicule électrique en vaut certainement déjà la peine. Et je pars du principe que la comparaison des prix se fera bientôt en faveur des voitures électriques: celles-ci ne vont sûrement pas tarder à devenir meilleur marché, alors que les prix des voitures à essence et au diesel vont continuer à grimper.
La pile à combustible représente aussi une bonne option?
Seulement si les trajets sont longs et si la capacité de chargement doit être élevée. Autrement dit, surtout pour les poids lourds et les autocars. Je pense qu’à long terme la pile à combustible ne jouera pas de rôle majeur dans la catégorie des véhicules individuels.
Dans quelle mesure le gouvernement suisse encourage-t-il les propulsions alternatives? Les objectifs sont-ils ambitieux?
Il existe une «Feuille de route pour la mobilité électrique 2022» de l’Office fédéral de l’énergie et de l’Office fédéral des routes. Elle vise à porter à 15%, en trois ans, la part des voitures 100% électriques dans les nouvelles immatriculations de véhicules individuels. Mais, au premier semestre 2019, cette part n’était que de 4%: on est donc encore loin du compte!
Est-ce que, dans vingt ans, tous les Suisses rouleront quand même en voiture électrique?
Ils seront en tout cas très nombreux. La Suisse ne peut pas se séparer du reste de l’Europe. Si les grands constructeurs automobiles passent systématiquement aux propulsions à batterie pour s’aligner sur le durcissement des règlements, il sera difficile de s’accrocher à l’essence et au diesel. Il se peut tout à fait que, d’ici vingt à trente ans, nous puissions complètement nous en passer.
Propos ceuillis par Jan Berndorff