Des chercheurs de l’Institut Paul Scherrer ont produit en grand nombre des maquettes détaillées du Cervin. Chacune d’elles mesure moins d’un dixième de millimètre. Ils démontrent ainsi comment fabriquer en série des objets 3D aussi délicats. Les matériaux qui portent à leur surface de minuscules structures 3D de ce genre présentent souvent des propriétés susceptibles de réduire l’usure de composants mécaniques, par exemple. Ce dont la nature tire parti depuis longtemps pourrait se révéler instructif pour bon nombre d’applications dans l’industrie. Ainsi, certains serpents qui se déplacent sur le sable présentent au niveau de leur peau des structures 3D qui permettent de réduire nettement le frottement. De manière analogue, il serait possible de doter certains composants mécaniques de structures comparables afin de minimiser leur usure.
Des chercheurs de l’Institut Paul Scherrer PSI ont fabriqué des maquettes minuscules et très détaillées du Cervin. Chacune d’elles mesure seulement sept centièmes de millimètre environ: c’est moins que l’épaisseur d’une feuille de papier. Les maquettes sont si détaillée qu’elles reproduisent clairement les différentes structures du Cervin. Comme son sommet: sur la maquette, il affiche un diamètre de 100 nanomètres, soit de la taille d’un virus.
La fabrication de ces maquettes n’est pas juste un jeu: les surfaces pourvues de milliers de minuscules objets 3D de ce genre présentent souvent des propriétés susceptibles d’être utilisées de toutes sortes de manières. Ces propriétés, on peut déjà les observer dans la nature, explique Helmut Schift, responsable du projet de recherche au PSI. Par exemple chez certaines espèces de serpents qui se déplacent sur le sable sans que leur peau s’use notablement.
La peau de ces serpents est en effet pourvue d’écailles et de pointes de quelques millièmes de millimètres, qui réduisent largement le frottement dans le sens de leur déplacement. Il serait envisageable de pourvoir les composants mécaniques fortement mis à contribution par frottement d’une surface présentant le même genre de structure, poursuit le chercheur. Cela réduirait nettement l’usure de ces composants.
Les mini-Cervins ont été réalisés pour montrer qu’il est possible de fabriquer précisément des structures aussi petites, de manière ciblée et reproductible.
Impression 3D à l’échelle nano
Pour fabriquer leur maquette du Cervin, les chercheurs ont utilisé une impression 3D particulièrement détaillée, connue sous le nom de photolithographie 3D (les spécialistes parlent de lithographie à deux photons). Nous fabriquons les structures à partir d’un matériau photosensible, explique Robert Kirchner, scientifique au PSI. Là où il est exposé de manière particulièrement intense à la lumière, ce matériau liquide à la base se solidifie et le matériau restant peut être ensuite effacé par lavage. Pour l’exposition, nous utilisons un laser particulier, dont le rayon n’est suffisamment intense pour modifier le matériau qu’au niveau du foyer d’une lentille. Nous déplaçons ce foyer à travers le matériau. Cela nous permet de décider, pour chaque point d’un nanomètre, si au final le matériau est éliminé par lavage ou s’il reste. Cette manière de procéder permet de fabriquer des objets complexes à volonté, avec des détails de l’ordre du nanomètre.
Ce procédé laser en série est très compliqué, mais n’a besoin d’être appliqué qu’une seule fois. Pour fabriquer les copies de la structure 3D en question – par exemple du Cervin – on produit un moule à partir de cette forme d’origine. Il est dès lors possible de mouler les structures en grand nombre et donc de les reproduire en grande série.
Texte: Institut Paul Scherrer/Paul Piwnicki
À propos du PSI
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(Mise à jour : Avril 2015)
Informations supplémentaires
Article de fond sur les salles blanches de l’Institut Paul Scherrer https://www.psi.ch/media/lendroit-le-plus-propre-de-linstitut-paul-scherrerArticle
The ascent of high resolution and high volume 3D replication(en anglais) Microelectronic Engineering; Volume 141, 15 June 2015, Pages 243–244 doi:10.1016/j.mee.2015.04.082
Contact
Dr Helmut Schift, groupe de recherche Nanotechnologie des polymères, Institut Paul Scherrer,Téléphone: +41 56 310 28 39, e-mail: helmut.schift@psi.ch
Dr Robert Kirchner, groupe de recherche Nanotechnologie des polymères, Institut Paul Scherrer,
Téléphone: +41 56 310 24 30, e-mail: robert.kirchner@psi.ch